Jean-François MILLER lors du module "Animer un atelier de créativité" animé par Anne GiraudJean-François MILLER lors du module "Animer un atelier de créativité" animé par Anne Giraud

Démarche Design Thinking en formation continue

L’intérêt de la démarche Design Thinking pour résoudre des problèmes est aujourd’hui reconnu tant au niveau des entreprises que des collectivités

Pour être efficace, elle exige un facilitateur formé à la discipline. L’École de design Nantes Atlantique propose depuis 2018 un parcours complet en formation continue pour devenir facilitateur du Design Thinking.

Parmi les premiers apprenants de ce parcours, Jean-François Miller, à l’époque en recherche de compétences complémentaires, revient pour nous sur ses 13 jours de formation. Comment exploite-t-il dorénavant le potentiel du Design Thinking ? Quels changements cela a-t-il provoqué dans sa pratique ?

Le Design Thinking pour faire face à la mutation du retail

Après avoir été licencié par un grand groupe de retail, Jean-François Miller, architecte d’intérieur, entame un changement professionnel en 2018. Il constate de profondes mutations dans le secteur du retail : la chute des magasins traditionnels, l’accélération des ventes en e-commerce et son hyper connectivité… "Toute la donne change et nécessite de trouver des idées innovantes venant de partout, des changements à apporter et à accompagner”. Il découvre alors le potentiel du Design Thinking et est persuadé qu’il peut répondre à la problématique du retail !

Mais comment coupler design, Design Thinking, retail et innovation ? Comment prendre ce virage ? Sa reconversion lui donne l’occasion de se former pour y voir plus clair. Il fait alors confiance à la réputation de L’École de design Nantes Atlantique et commence le parcours “Faciliter la démarche Design Thinking”. Composé de 6 modules de 1 à 4 jours et de séances de tutorat, chacun dans des domaines complémentaires, le parcours s’étale sur 13 jours mais plus de 6 mois en réalité, le temps de “digérer” tous les apports et de les mettre en pratique avant une nouvelle formation.

Redécouvrir les fondamentaux et les mettre en pratique

Avec du recul, une fois les choses digérées, s’il y a une chose que je dois retenir de tout ça, c’est la force de la créativité et surtout de la pensée collective. C’est vraiment fort, pertinent, innovant. Cette pensée est vraiment d’une richesse que je n’appréhendais pas avant”. Impossible maintenant de ne pas se tourner vers elle pour des problématiques d’innovation, pour apporter de nouveaux inputs. “Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Même si la phrase est type, elle est vraie !

Ayant déjà baigné dans l’univers de la création, certaines notions évoquées dans ce parcours étaient connues de Jean-François. Pour autant, les redécouvrir et les ré-exploiter a été un essentiel.

Module “Utiliser la facilitation graphique” animé par Sandrine BarretModule “Utiliser la facilitation graphique” animé par Sandrine Barret

Ce fut le cas de l’ethnologie revue dans le module “Observer mieux vos usagers” animé par Yannick Primel. “Calme, pesant chaque mot, précis, il a su nous embarquer”. L’observation est le point de départ de la démarche de Design Thinking. “Il nous a fallu retourner sur le terrain interroger des gens, voir les différentes méthodes d’observation, les interviews, l’intégration… C’était important de revenir à ces fondamentaux, de repartir pleinement de l’usager / utilisateur”.

Il en est de même pour le module “Animer un atelier de créativité” où l’on s’appuie sur les notions de bienveillance et d’empathie, “des termes connus et logiques mais qu’il a fallu concrètement mettre en application”.

Le module “Utiliser la facilitation graphique” a donné à Jean-François la possibilité de prendre le temps. “Ça ne nous arrive jamais de s’arrêter de réfléchir et d’être pragmatique, de pouvoir illustrer une idée juste à travers des petits pictogrammes et quelques traits”. Or au bout des 2 jours de formation, on arrive à faire passer des idées, comme ça, graphiquement, en montant des gimmicks graphiques.

Le module “Innovation d’usage” a quant-à-lui permis de prendre pleinement conscience de l’importance d’un groupe de travail. “Un groupe, c’est une pensée collective et qui dit collectif dit personnes que l’on ne connait pas forcément. On arrive, adultes, issus de différents secteurs d’activité, avec divers points de vue, dans un ensemble qu’on ne connait pas mais il va falloir échanger ensemble, avoir une pensée collective. Pour moi c’est ce qui a été le plus dur. En 5 minutes, il faut tout de suite matcher”. Difficile mais très instructif car il faut accepter de tout de suite se tourner vers l’autre et voir comment on pourrait trouver ensemble des idées et faire avancer une problématique. Cela illustre l’importance de la bonne constitution d’une équipe projet, pour la dynamique, l’écoute, la force et la créativité.
 

Les Soft skills et l’humilité nécessaire au Design Thinking

Dans sa pratique antérieure, Jean-François Miller constatait régulièrement que créer à plusieurs était très difficile. On se heurte facilement aux traditionnels “mon idée est la meilleure”, “on a déjà essayé, c’est pas possible”, “la direction ne voudra pas”, “on n’a pas le budget”… Or c’est le début de ce qu’il ne faut pas faire en Design Thinking. Le postulat de départ de la démarche est qu’il n’y a aucune mauvaise idée, qu’on peut rebondir sur chaque chose, qu’on ne sclérose pas les idées des autres, qu’on ne met de côté personne… Pour cela, il faut être capable d’écouter tout le monde, d’accepter de s’ouvrir, de prendre en compte les autres et de mettre en actions ses softs skills.

Ça fourmille d’idées vraiment partout et il faut savoir les prendre, les faire rebondir, les intégrer. Tout le monde a des idées ! Tout peut être pertinent mais il faut avoir l’humilité de reconnaître que d’autres idées sont meilleures que les miennes, ne serait-ce que ça. Cette formation m’a apportée cette humilité, se dire qu’à plusieurs on sera plus pertinents et riches que tout seul.

Être facilitateur du Design Thinking aujourd’hui

“La force de cette pensée collective rythme mon quotidien aujourd’hui, presque un an après la formation. Je n’imagine même plus faire face à des problématiques sans. Sans pour autant faire des “doubles diamants”, méthode propre à cette démarche, à chaque fois, avoir ce réflexe d’aller échanger sur une idée et de rebondir dessus, de réitérer à chaque fois, c’est effectivement très riche. Même en travaillant seul, on peut partager ses problématiques avec son environnement proche, des gens qui n’utilisent pas forcément le service ou produit en question…”.

Cependant, Jean-François Miller est clair : être sensibilisé au Design Thinking ne suffit pas, encore faut-il l’appliquer !

Module “Design de services” animé par Anne GiraudModule “Design de services” animé par Anne Giraud

C’était d’ailleurs l’une des problématiques soulevées dans les modules de formation, notamment en design de services : comment peut-on intégrer le Design Thinking dans les entreprises ?

Par manque de temps, de connaissance sur ses débouchés, par peur du changement, par réticence de la hiérarchie, en raison d’une formulation pas forcément explicite au départ, il est parfois difficile de valoriser cette démarche. Pourtant l’enjeu est important, c’est une vraie problématique qui a besoin du temps pour s’installer dans les organisations professionnelles. Par petites touches, la démarche s’intègre doucement, pour ne pas effrayer les collègues et la hiérarchie tant le changement est important. Il ne peut se faire sans l’aval et la souplesse de la direction, notamment dans la construction de l’équipe projet.

En parallèle de cette formation, Jean-François a intégré récemment une école d’architecture, où le Design Thinking côtoie l’éco-conception, l’écologie et le design circulaire dans le secteur de la construction afin de faire face aux nouveaux enjeux du 21ème siècle.

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Ecrit le 08.06.20

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