Interview de Marc Teyssier, designer et chercheur (Alumni 2015)

Quel a été votre parcours ?

« À la fin de mon cycle master en digital design à L’École de design Nantes Atlantique, j’ai eu l’opportunité d’aller au MIT Media Lab pendant 6 mois. J’y ai découvert le monde de la recherche, de l’interaction tangible et des nouvelles technologies.  Suite à mon séjour au MIT Media Lab, je suis rentré en France et j’ai commencé une thèse en interaction hommes - machines à Télécom Paris. »

Sur quoi porte votre thèse ?

« Dans ma thèse, j’ai travaillé sur les interactions humains – machines, pour le toucher social et la communication. Il faut savoir que quand on communique avec les gens, on n’utilise pas seulement la voix et le regard mais on utilise aussi le toucher, par exemple pour réconforter quelqu’un. Et le problème qu’on a aujourd’hui avec les dispositifs numériques comme les téléphones portables, c’est qu’ils sont incapables de retransmettre vraiment cette sensation.

En tant que designer et chercheur, je me suis demandé quelle pouvait être la nouvelle forme de ces dispositifs mobiles. J’ai pris le parti de me dire que les dispositifs numériques vont tous ressembler à l’humain, ce qui signifie que nos téléphones portables vont peut-être avoir des doigts humains ou de la peau humaine et qu’on va être capable de reproduire comme les humains, un toucher affectif et communiquer des émotions. 

Dans le cadre de ma thèse, j’ai travaillé principalement sur deux projets : « Mobiline », un doigt articulé robotique humain pour téléphones portables et « Skin On », une peau artificielle, une seconde peau qui ressemble à la peau humaine et qui s’applique en deuxième coque sur un téléphone portable. Elle a la particularité d’avoir une propriété haptique, similaire à la peau. J’ai travaillé différents matériaux capables de reproduire les différentes parties composantes de la peau humaine. »

skin on

Quel est votre métier aujourd’hui ?

« Je suis Principal Investigator au De Vinci Innovation Center, un centre d’innovation et de pédagogie centré sur une approche un peu radicale de la conception. On travaille la fabrication, le prototypage, les interactions hommes – machines et le tout produit avec des démos valorisées à la fois dans les conférences scientifiques ou dans des startups.

Je suis responsable du groupe d’innovation « Resilient Futures ». Maintenant que j’ai développé tout un tas de dispositifs critiques de la technologie, je me demande comment on peut améliorer la technologie. Cela peut passer par le développement des Low Tech, de la technologie avec un peu moins de complexité mais aussi par le développement des nouveaux matériaux et des biomatériaux, avec une conception des technologies sans utilisation de terres rares, de métaux et sans obsolescence. On peut aussi repenser les outils traditionnels. »

Pourquoi adopter une démarche de design critique ?

« Le design critique permet d’analyser aujourd’hui les technologies et d’apporter une solution innovante par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. C’est vraiment un outil pour matérialiser des pensées un peu folles. Ce qui est intéressant dans le design critique, c’est le rapport à la production et à la fabrication. »

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Ecrit le 23.02.23

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