VAE : retour d’expérience avec Raphaèle Legrand

Qu’est-ce que la Validation des Acquis de l’Expérience ?

Comment redonner du sens à sa carrière ? Comment rebondir en valorisant son expérience ? La VAE attire de plus en plus.

En valorisant un savoir-faire acquis dans sa pratique professionnelle quotidienne, elle permet de faire un point sur sa carrière et d’évoluer professionnellement. En 2019, Raphaèle Legrand a été l’une des premières obtenir le Diplôme de design Bac +5 par la VAE, une formation mise en place à L’École de design Nantes Atlantique depuis 2 ans.

Elle a su combiner VAE, formation continue et changement de poste pour évoluer professionnellement. Précédemment designer industriel chez Bic, elle est aujourd’hui designer en méthodologie et stratégie d’innovation chez Essilor. Retour sur son parcours.

Raphaèle, qu’est-ce qui vous a poussé à commencer la démarche de VAE ?

Raphaèle Legrand : "J’ai dû stopper mes études après un Bac +2. Au bout de quelques années de travail, j’avais un sentiment d’inachevé, j’avais quelque chose à finir. Je me suis également rendue compte que cela me bloquait en termes d’évolution de métier et de salaire. Même si on parvient à valoriser son expérience et son savoir-faire après une quinzaine d’années de travail, on s’aperçoit que l’absence de certains diplômes peut être une barrière pour changer de poste ou d’employeur. Certaines portes restent closes."

"D’autre part, j’avais envie de changer un peu de métier, d’engager une reconversion, de passer du métier de designer industriel à un métier plus axé sur la méthodologie et la stratégie par le design. La VAE me paraissant compliquée et je me suis tout d’abord tournée vers la formation continue. J’ai trouvé un master d’innovation par le design, proposé à l’ENSCI. Cependant, pour l’intégrer il fallait un Bac +4… Retour à la case départ et donc à la VAE. Il me fallait ce diplôme ! J’ai commencé à chercher une école pour passer cette VAE. Pour avoir recruté plusieurs stagiaires de L’École de design Nantes Atlantique, je me suis rendue compte que votre manière de travailler s’approchait beaucoup de la mienne. Je m’y retrouvais complètement et me suis donc tournée vers l’école."

Raphaèle Legrand

Quels ont été les freins à cette VAE ?

Raphaèle Legrand : "De nombreuses personnes de mon entourage, y compris des RH et des conseillers en formations, me disaient qu’entamer une VAE était fastidieux, que ça allait prendre beaucoup de mon temps personnel… On m’encourageait plutôt à reprendre une formation longue. En termes pratiques, trouver des financements, même en interne, est compliqué. De même que le respect du timing. Chaque école a ses dates et des protocoles très différents… Il faut bien mûrir son projet et être patient."

"Au final, trouver du temps personnel n’est pas simple évidemment mais ce qui a été le plus difficile pour moi a été de retrouver les traces de chacune de mes expériences. J’ai commencé a travaillé en 2000, sans forcément avoir conservé les traces de tout en me disant qu’un jour j’en aurai besoin pour passer une VAE. Rien n’était archivé. Mais dans ma tête j’étais prête pour cette reconversion ! J’ai mis plusieurs mois à réunir les éléments et constituer mon dossier : récolter les informations, trouver un cas pratique qui soit suffisamment marquant et pour lequel j’ai des éléments à communiquer, préparer le dossier… Le processus complet a pris un an en tout en y passant quelques week-end."

Quel engagement pour quels bénéfices ?

Raphaèle Legrand : "Au-delà de ce temps et de cet engagement, il y a un côté introspectif : revenir sur son expérience, la décortiquer, comprendre ses choix… Ça met en avant des logiques qu’on n’avait pas du tout repérées sur le coup. Ça permet aussi de se remémorer tout ce qu’on a fait, de réviser son book, de prendre conscience de sa manière de travailler et de s’apercevoir qu’on n’a pas à rougir de sa carrière. C’est très valorisant ! Le fait de montrer aux autres son évolution de carrière et d’avoir des retours positifs, c’est très enrichissant psychologiquement et reboostant. On réapprend qui on est, quelles sont nos forces et nos faiblesses. C’est un engagement personnel fort, un vrai bilan de carrière individuelle. À mi-parcours de carrière, savoir ce qu’on a fait et où on veut aller est extrêmement riche. 

Ce qui est important aussi dans ce parcours de VAE, c’est de pouvoir échanger avec les autres participants, se rendre compte des motivations de chacun, partager une histoire commune. Je suis venue à Nantes faire le suivi avec Maud Meudic (responsable des stages, de l’insertion professionnelle et de la VAE) et rencontrer les autres apprenants. Retourner dans une école, croiser les étudiants, se rappeler un peu comment c’était et voir notre propre évolution depuis ce temps-là participe aussi à la démarche VAE.  J’avais l’impression avant, avec mon Bac +2, d’avoir touché un plafond de verre et d’être bloquée. Avec cette étape de VAE, je me suis libérée et j’ai pu redonner un nouveau tournant à ma carrière."

Présenter son projet de fin de diplôme devant un jury de professionnel comme un étudiant "classique", le passage obligé.Présenter son projet de fin de diplôme devant un jury de professionnel comme un étudiant "classique", le passage obligé.

Et aujourd’hui ? Où en êtes-vous dans votre carrière ? Quelle incidence la VAE a-t-elle eu ?

Raphaèle Legrand : "En janvier 2019, alors chez Bic, j’ai tracé 3 routes avec des objectifs différents :

  • Une VAE    
  • Une formation en management de l’innovation
  • Un nouveau poste qui me correspondrait plus. 

Puis j’ai avancé petit à petit sur ces 3 chemins avec des rencontres, des recherches... Après la VAE, j’ai quitté Bic et intégré le Master à l’ENSCI (mon objectif de départ). J’ai parallèlement changé d’employeur, de métier et de salaire, le Bac +5 ayant facilité les choses. Aujourd’hui, je ne suis plus designer industriel mais designer en méthodologie et stratégie d’innovation pour le groupe d’optique Essilor. Dans une équipe recherche et prospective, je suis support de toutes les équipes R&D pour développer leurs innovations au travers de conseils, d’animation de workshops et de mise en place de méthodologies ou stratégies d’équipe."

"Ce poste était le but que je m’étais fixé après le Master. Mais à la faveur d’une opportunité dans l’entreprise, j’ai pu intégrer mon nouveau poste tout en démarrant le Master. J’ai réussi à accéder au métier que je visais avec quelques mois d’avance avec les étapes VAE et Master atteintes. Les chemins se sont croisés car tout était lié, tout s’est ouvert au même moment. L’idéal !  Comme Raphaèle, 5 autres candidats à la VAE se sont présentés en 2019 avec un taux de réussite de 80%. Reconversion ou repositionnement de poste, dans son entreprise ou ailleurs, bilan et évolution de carrière, la VAE a permis à chacun de redonner un cap à ses projets professionnels. Disponible avec le compte CFP, la VAE s’avère être un beau moyen, tant personnel que professionnel, pour envisager son propre avenir."

Remise des diplômes de la promotion 2019. Les nouveaux diplômés récompensés par Stéphane Gouret, Maud Meudic et Katie Cotellon, marraine de la cérémonie, responsable du design et de l’expérience chez Saint-Gobain Research.Remise des diplômes de la promotion 2019. Les nouveaux diplômés récompensés par Stéphane Gouret, Maud Meudic et Katie Cotellon, marraine de la cérémonie, responsable du design et de l’expérience chez Saint-Gobain Research.
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Ecrit le 08.08.20