Interview de Loélia Rapin, designer et étudiante doctorante

À 24 ans, Loélia Rapin, étudiante en design, réalise une thèse en contrat CIFRE au sein de l’agence de design Sensipode sur le sujet de l’expérience patient.

Quel a été votre parcours ?

Je suis rentrée à l’école après un cursus de lycée en structure de sport de haut niveau. J’ai ensuite intégré l’année de socle commun à L’École de design Nantes Atlantique suivie d’une spécialité en design graphique. Après mon cycle bachelor, je me suis un peu naturellement orientée vers le cycle master Care Design davantage centré sur la pratique du design au service des problématiques sociales et des problématiques de santé.

C’est ce qui m’a permis de me concentrer pour mon projet de fin d’études sur le rôle de l’épigénétique dans la prévention du cancer du sein. C’est un projet que j’ai mené pendant deux ans dans le cadre d’un double diplôme à l’Université de Nantes avec un binôme ingénieur - designer. C’est à ce moment-là que j’ai découvert que le design ne se limite pas à l’acte de conception mais qu’il s’intègre vraiment dans une démarche globale.

De quoi traite votre thèse ?

C’est une thèse qui est menée par le design, accueillie par les sciences du numérique et de l’informatique sur un sujet de santé.

Je travaille sur les expériences patients et plus largement l’expérience des usagers dans le système de santé et les méthodes qui permettent de recueillir, de comprendre, d’analyser
ces expériences. Donc je m’intéresse concrètement à ce que vivent, pensent, ressentent et savent les patients mais aussi les professionnels de santé et comment leurs expériences permettent de transformer le système de santé.

Il s’agit d’une thèse en contrat CIFRE : l’État finance à travers l’industrie, des recherches scientifiques. Je suis intégrée au sein de l’agence de design Sensipode à Nantes. J’ai pour mission de faire de la recherche scientifique.

Quelles ont été vos motivations ?

L’écosystème en contrat CIFRE, le fait que différents acteurs soient réunis dans cette recherche : Sensipode mais aussi l’Université de Nantes, qui dirige cette recherche avec le Laboratoire en Sciences du numérique, le LS2N ainsi que le Care Design Lab de l’école qui co-encadre aussi cette recherche. Je trouvais également intéressant le fait qu’il y ait un financement régional autour de cette recherche par le RFI Ouest Industries Créatives. Le consortium autour de la thèse crée un espace interdisciplinaire intéressant pour la recherche.

Quels sont vos terrains de recherche ?

Ma recherche s’inscrit dans le cadre d’une recherche-action qui a pour but d’agir sur le système social et dans une recherche-projet : je m’appuie sur le projet de design pour créer de la connaissance. C’est dans cette perspective que j’ai débuté un premier terrain de recherche en résidence au CHU de Montpellier, dans le service des urgences où je travaille avec l’appui de la directrice Emmanuelle Garnier à l’amélioration des parcours de prise en charge aux urgences.

Nous travaillons avec une quarantaine de personnes (médecins, cadres de santé, personnel administratif, infirmiers, patients, accompagnants…) de façon collective et participative pour identifier les problématiques, les comprendre, les documenter, proposer, concevoir, mettre en place des réponses sur le terrain.

Il s’agit vraiment d’une démarche de co-design : tous les acteurs sont considérés comme des usagers experts et participent à la globalité de la démarche. Quand je parle de participation des usagers, ce n’est pas seulement à travers l’expression de leurs expériences. Ils donnent aussi leur avis, proposent les idées, participent à des choix, fabriquent aussi les expérimentations et utilisent les outils que j’utilise moi-même pour ma recherche.

C’est ce qui va normalement donner lieu à l’application, l’adaptation de cette méthodologie sur un terrain nantais au CHU de Nantes sur le même sujet de l’amélioration de l’expérience patients et plus largement des usagers du système de santé.

J’applique également mes recherches au sein de Sensipode où j’interviens sur l’aspect méthodologique, sur l’analyse et l’évaluation de l’expérience utilisateur, sur la mise en place d’un triptyque méthodologique dans un projet : la conception des méthodes, l’analyse du contenu et aussi l’évaluation d’intervention post-conception.

Par qui êtes-vous accompagnée ?

Je suis dirigée par le professeur Yannick Prié, informaticien en interaction homme-machine et co-encadrée par Clémence Montagne, directrice du Care Design Lab de l’école. Au sein de l’agence d’innovation par le design Sensipode, je suis accompagnée par le co-fondateur Vincent Pujos. Dans mon comité de suivi individuel de thèse, je suis également accompagnée par Marine Royer, anthropologue, sociologue, maître de conférences et designer et Aurélien Tabard, maître de conférences à l’Université de Lyon en interaction homme-machine.

Interview de Loélia Rapin, designer et étudiante doctorante
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Ecrit le 04.02.22

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